Compagnie de Joseph Tassël

Cheyne Editeur

Présentation : ​

" Qui donc connaît Joseph Tassël, ce jeune écrivain du début du siècle dernier qui a fait de la rêverie «un métier personnel et sérieux» et qui, de pension en hospice, échappe peu à peu à l'existence, s'effaçant dans la démence comme Robert Walser à qui il ressemble tant ? Qui le connaît ? Personne bien sûr puisque, si intense et bouleversant que soit le destin de cette âme fragile, éprise de littérature comme d'un absolu, si émouvants que soient les événements de sa vie intérieure tels que les livrent son journal, ses carnets, ses lettres, Joseph Tassël n'a jamais existé... Ce paradoxe même constitue l'étrange réussite de Benoît Reiss : il est rare qu'un être de papier acquière une telle présence, atteigne une telle vérité. C'est au point que, quittant la présente biographie, on ne saurait se résoudre à ce qu'elle soit une fiction. On ne peut se consoler, sans doute, d'être privé à jamais de l'oeuvre d'un Joseph Tassël ! "

Jean-Pierre Siméon

Extraits ​

Lettre à Esther, sa sœur ​

Je ne te cache pas que j’ai le cœur qui bat très fort avant ce voyage à B… Dans le journal de ce matin (je me frotte les yeux jusqu’à m’ouvrir le crâne par devant), il y a un petit article intitulé “Les bonnes Compagnies de Joseph Tassël” ; il est signé d’Ernst Winger. (Tu le connais, n’est-ce pas ? Il est le rédacteur en chef du Courrier de B… Le rédacteur en chef, Esther ! Autant dire le nombril du monde exploré par les hommes !) […]

Carnets

De toutes les choses du monde qui me jettent dans un trouble intense, ce sont les sonorités surtout qui agitent en moi des pans de mon être comme une ménagère le ferait d’un tapis battu sur le balcon. […]

Carnets

Hier, en promenade, j’ai vu le ciel s’ouvrir. Je l’ai vu se partager en deux comme une figue. Je l’écris comme je l’ai vu.