Un dédale de ciels

Arfuyen

Prix Max Jacob mention spéciale ‘’Découverte’’ 2023

Prix international de Littérature française de l’Académie royale de Belgique 2023

Ce livre de poésie, le premier de Benoît Reiss aux Éditions Arfuyen, est comme un ensemble de minuscules nouvelles tirées de nos souvenirs : par-delà l’oubli, tout un « terrier d’existences » s’éveille. Tout de suite un ton nous prend : « Certaines fois / je baisse les yeux / découvre un dédale de ciels distincts assez nombreux / instants évadés à l’intérieur de l’instant / […] alors je sais que je suis un terrier peuplé d’existences. »

C’est un livre étrange, on ne peut plus intime, nécessaire. Un homme se souvient, par-delà l’oubli. Entre profondément dans la chair de sa chair pour y retrouver les visages. Les uns après les autres se relèvent grands-parents et ancêtres, dans les scènes les plus insignifiantes de la vie, dans ces détails infimes où ils sont tout entiers. « Ma grand-mère / adossée au silence / lave son linge de corps / accroupie dans la cour talons aux fesses / elle a calé le baquet contre les pavés / plonge les mains dans l’eau savonneuse / frotte les tissus // elle lève la tête contre la nuit d’été ».

Pas d’explications, pas de pathos, tout est montré seulement. L’errance, l’usine, le camp, la misère. « Le travail de mon aïeul consiste à couper les ongles des morts / à l’aide de tout petits ciseaux / qu’il tient serrés dans la poche de sa veste/ […] les ongles des morts continuent de pousser / ils fouissent la terre sans relâche /[…] existences aveugles / souterraines »

Ce livre est dédié par Benoît Reiss « aux Justes qui ont sauvé mes grands-parents »